Le secteur financier a un rôle essentiel à jouer dans la sauvegarde de la biodiversité

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Entretien avec Tom Van den Berghe,
Director Sustainable Finance

 

La biodiversité représente de nos jours un enjeu important. Le taux d’extinction des espèces animales et végétales est sans précédent et s’accélère sans cesse. Selon le rapport de 2022 du Forum économique mondial, la perte de biodiversité est au troisième rang des risques dont l'impact pourrait être le plus grave au cours des dix prochaines années. En effet, cette perte de biodiversité et la dégradation des écosystèmes a des conséquences sociales et sociétales considérables. Elle génère également des risques économiques et de ce fait, des risques pour le secteur financier. Des changements sont donc nécessaires afin de restaurer ainsi que protéger la biodiversité. Le secteur financier peut et doit jouer un rôle dans cette transition. Cette attention croissante se reflète également au sein de la législation relative à la finance durable, qui intègre de plus en plus les considérations relatives à la biodiversité.

 

Afin d'aborder ce sujet capital, nous avons interrogé notre Director Sustainable Finance, Tom Van den Berghe.

 

Pourquoi considérer la biodiversité en tant que secteur financier?

 

Nous pouvons aborder cette question en regardant comment la perte de biodiversité se traduit en risque pour les institutions financières. Quand on parle de biodiversité, un concept apparait de façon récurrente, il s'agit du principe de double matérialité. Celui-ci revient à étudier l’impact de la perte de biodiversité pour les institutions financières qui financent des secteurs dépendant fortement de la biodiversité et l’impact du soutien et du financement de certaines activités qui influencent négativement ou positivement la biodiversité. Cette double matérialité doit être prise en compte par le secteur financier, notamment en intégrant la biodiversité dans l’évaluation des risques et en l’intégrant dans les politiques de crédit et d’investissement en général.  Ce principe se reflète par ailleurs dans les nouvelles réglementations européennes en matière de finance durable.

 

Est-ce que les institutions financières ont un impact sur la biodiversité ?

 

L'impact des activités des institutions financières sur la biodiversité est principalement indirect. Ce qui signifie que celles-ci peuvent impacter la biodiversité via leurs politiques de crédit et d'investissement. En étant sélectives, elles peuvent soutenir les activités qui impactent positivement la biodiversité, et limiter celles qui ont un impact négatif. Financer ou non ces secteurs constitue par conséquent un levier d’action important. Cela prouve bien que le secteur financier a un rôle essentiel à jouer dans la sauvegarde de la biodiversité.

 

Le secteur financier va donc de plus en plus prêter attention aux efforts réalisés par les entreprises dans le domaine de la biodiversité?

 

Oui, tout à fait. Après la thématique du changement climatique, la biodiversité est le « next big thing » en matière d’ESG. Elle est considérée comme un facteur très important et sous-jacent dans de nombreux domaines tels que la lutte contre le réchauffement climatique, la résistance aux maladies, la disponibilité de matières premières…  Le secteur financier est au cœur du développement de notre économie et va de ce fait requérir davantage d'informations relatives à la biodiversité dans le cadre de ses activités d’investissement et de financement. Ces éléments sont essentiels pour les institutions financières car celles-ci peuvent avoir un impact sur les entreprises qu’elles financent et, plus largement, sur l’économie tout entière.

 

La biodiversité est aussi intégrée dans la législation européenne sur la finance durable ?

 

L'importance de la protection de la biodiversité se reflète notamment dans les nouvelles réglementations européennes en matière de finance durable et celles à venir.

Prenons tout d’abord le cas de la taxonomie européenne. En classifiant les activités économiques ayant un impact favorable sur l'environnement, elle a pour but d'orienter les investissements vers des activités vertes. Afin d’être être réputée « durable », une activité doit notamment contribuer à au moins un des six objectifs définis au sein de la taxonomie. La protection et la restauration de la biodiversité et des écosystèmes constitue l’un de ces objectifs. A terme, la taxonomie visera à comparer la contribution des produits financiers et des acteurs économiques à la transition durable afin d'aiguiller au mieux les décisions d’investissement.

Ensuite, nous retrouvons le SFDR (Sustainable Finance Disclosure Regulation) qui impose quant à lui aux acteurs financiers de divulguer dans quelle mesure leurs investissements ont un impact négatif sur la biodiversité.

in, il semble également utile de mentionner la CSRD (Corporate Sustainable Reporting Directive). Une fois adoptée, cette directive (qui n’est aujourd’hui encore qu’au stade du processus législatif européen de « proposition » de la Commission européenne) contraindra toutes les grandes entreprises à publier des informations sur les facteurs ESG, y compris relatives à la « biodiversité et les écosystèmes ». Il s’agira de rendre compte de la manière dont les questions de durabilité affectent leurs activités de même que l’impact de leurs activités sur la durabilité. Pour aider les entreprises à s’y retrouver, Febelfin a par ailleurs créé un dossier spécial ESG qui reprend toute une série d’informations utiles.

En bref, nous constatons donc bien que les entreprises et acteurs financiers doivent se conformer à un cadre de plus en plus exigeant quant au maintien et à la restauration de la biodiversité.