Opinion : taxe sur les surprofits et syndrome du boomerang

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Les discussions sur le budget se poursuivent et devraient aboutir ce week-end. À l’approche des élections, ces discussions s’accompagnent traditionnellement d’un grand nombre de ballons d’essai et de propositions visant à tomber dans les grâces de l’électeur et, surtout, à mettre les secteurs et entreprises à contribution. Les décideurs politiques oublient souvent que le boomerang des mesures prises à l’emporte-pièce pour boucler un budget leur revient tôt ou tard en pleine figure. Prenons l’exemple de la taxe sur les surprofits des entreprises énergétiques qui rapporte 350 millions de moins que prévu (L’Echo - 28 septembre), mais qui, dans le même temps, met la stabilité des entreprises énergétiques sous pression.

 

Une taxe sur les surprofits des banques constitue un exemple parfait du syndrome du boomerang. Quel signal le gouvernement veut-il envoyer au monde des entreprises ? En Belgique, nous avons justement besoin d’entreprises et de banques fortes, solides et saines, ancrées localement, au service des clients et de la société, et soutenant l’ensemble de l’économie belge.

Il est hallucinant de penser que les entreprises performantes devraient avoir honte parce qu’elles font des bénéfices. Sans banques solides et ancrées localement, il n’est pas possible d’avoir des entreprises rentables et donc de créer de l’emploi ou de la prospérité.

Les banques belges jouent un rôle crucial dans le financement des entreprises en Belgique, d’une part en octroyant des crédits et d’autre part en favorisant la R&D, et partant en investissant dans une société innovante. Même en période de crise, comme celle du coronavirus mais aussi la récente crise de l’énergie, dont de nombreuses entreprises manufacturières ont gravement souffert, elles se sont montrées prêtes à soutenir pleinement l’économie. En accordant, entre autres, des reports de paiement, elles ont contribué à ce qu’aucune vague de faillites ne déferle sur le monde des entreprises belge.

En Belgique, nous devrions être fiers de nos entreprises locales qui œuvrent en faveur de l’innovation et de la digitalisation, et contribuent à la transition vers une société durable. Et donc de nos banques également.

En outre, nous sommes confrontés à un défi particulièrement important en tant que pays, notamment en ce qui concerne le financement de la transition climatique. Les autorités, les banques et les entreprises devraient unir leurs forces dans ce domaine. Les banques seront essentielles pour financer le coût de l’amélioration de l’efficacité énergétique de nos logements, estimé à 400 milliards EUR. Cela requiert un secteur bancaire stable, qui sera nécessaire pour garantir que notre économie ne commence pas à s’essouffler.

D’autant plus que nous constatons une tendance au ralentissement de notre croissance économique, ce qui rend de nombreux défis plus difficiles à gérer. Nous avons de ce fait plus que jamais besoin des banques en Belgique, en tant que facilitatrices de l’innovation et de la croissance de la productivité, pour aider les entreprises à relever les défis de la digitalisation et à opérer l’importante transition vers une société plus durable à l’avenir. Toute mesure susceptible de rendre plus difficile l’octroi de crédits aux entreprises et aux citoyens doit dès lors être évitée.

Le gouvernement doit donc s’abstenir de faire des propositions axées sur le court terme, qui peuvent certes générer quelques recettes supplémentaires, mais qui ne témoignent pas d’une vision tournée vers l’avenir et le long terme pour notre pays. Le capital absolument indispensable pour assurer le financement futur de nos entreprises et de notre économie est ainsi détourné.

Enfin, quel sera le prochain secteur dont on voudra soutirer de l’argent à court terme, mais dont les dommages à long terme nous reviendront comme un boomerang en pleine figure ? Une telle politique à la va-vite a de quoi inquiéter. Une chose est sûre, elle ne renforcera pas notre tissu économique et industriel déjà mis à rude épreuve. Bien au contraire.

Pieter Timmermans (FEB)