Pendant la crise du corona, les entrepreneurs utilisent pleinement les lignes de crédit ouvertes

5 juin 2020 - 8 min de lecture

L’encours de crédit record montre que le secteur financier continue à soutenir l'économie

 
  • L'encours total des crédits aux entreprise utilisés n'a jamais été aussi élevé que ces derniers mois. En mars 2020, il a augmenté pour atteindre 167,6 milliards d'euros. Les entreprises utilisent donc plus que jamais leurs lignes de crédit existantes.

  • Il est clair que la crise du coronavirus a gravement ébranlé la confiance des entreprises. Celles-ci investissent moins compte tenu des incertitudes économiques du moment. C’est ce que traduit notamment le nombre de nouveaux crédits demandés par les entrepreneurs au cours des trois premiers mois de cette année. Par rapport à la même période de l'an dernier, les demandes ont en effet chuté de 10,5 %.
  • Comme l'offre et la demande vont de pair, nous constatons une tendance similaire au niveau de la production de crédit. Le nombre de nouveaux crédits accordés a diminué de 10,1 %.
  • L'encours élevé, comme d’ailleurs les reports de paiement accordés à large échelle, indique toutefois que le secteur financier continue de soutenir l’économie, particulièrement en ces temps difficiles. Le degré de refus reflète également cette volonté. C’est ainsi que depuis le début des mesures en 2009, il enregistre, pour ce premier trimestre de 2020, son deuxième niveau le plus bas.
 

L’encours des crédits aux entreprises reste élevé

 

En mars 2020, l'encours des crédits aux entreprises utilisés (y compris les crédits d'engagement, par exemple les crédits de garantie et les crédits documentaires) a atteint un niveau record de 167,6 milliards d'euros.

Sur une base annuelle (comparaison mars 2019 et mars 2020), l’encours a augmenté de 5,1%. En décembre 2019, la croissance annuelle était de 3,9%

 

Détérioration de la confiance des entrepreneurs : chute de la demande de nouveaux crédits

 

Au premier trimestre de 2020, la demande de crédits par les entrepreneurs s’est contractée de 10,5 % par rapport à la même période de l'année précédente. En termes de montant, le repli a été plus important encore, avec 15,4%.

La baisse de la demande de crédit est liée à la confiance des entreprises. Le baromètre de conjoncture de la Banque nationale de Belgique (BNB) montre ainsi que la crise aiguë liée au coronavirus a considérablement ébranlé la confiance des entreprises en mars et en avril 2020. Compte tenu de la période d'incertitude économique, les entreprises investissent moins et demandent donc moins de crédits.

La courbe désaisonnalisée et lissée ci-dessous reflète la tendance conjoncturelle sous-jacente. Une baisse de la courbe témoigne d’un tassement de la confiance des entreprises.

 

La production de crédit suit la baisse de la demande de crédit

 

Le nombre de crédits accordés a diminué au premier trimestre 2020 de 10,1 % par rapport au même trimestre de l'année précédente. Les montants octroyés ont chuté de 14,6 %.

Plusieurs éléments peuvent expliquer pourquoi la diminution de la production de crédit au premier trimestre de 2020 va de pair avec une augmentation de l'encours des crédits :

  • Par rapport aux trimestres et années précédents, le taux d'utilisation des crédits accordés aux sociétés non financières a atteint un niveau record. Autrement dit, les entreprises ont fait un usage intensif de leurs lignes de crédit existantes au premier trimestre 2020

L'augmentation du taux d'utilisation a été observée principalement au niveau des grandes entreprises.

  • L'effet de base observé dans la production de crédit n'est atténuateur que si l’on considère l'ensemble de l’encours des crédits (les crédits accordés précédemment ont un effet tampon sur l’encours total).
  • Le graphique ci-dessous montre que la part des crédits à long terme aux sociétés non financières dans le total est en augmentation constante. Compte tenu de la part accrue des crédits à long terme, la "rotation" dans le volume des crédits est moindre et il peut également y avoir une augmentation de l’encours total des crédits en cas de production de crédit plus modérée.
 

Les freins au crédit rencontrés par les entrepreneurs

 

Le degré de refus pour le premier trimestre de 2020 se situe, par comparaison avec tous les premiers trimestres, au deuxième niveau le plus bas depuis le début des mesures en 2009.

L'enquête trimestrielle menée par la BNB montre que la perception des freins au crédit par les entreprises (c’est-à-dire la manière dont les entreprises perçoivent les conditions de crédit, soit les taux d’intérêt, les autres coûts bancaires, le volume de crédit et les garanties demandées) a augmenté. Ce pourcentage est passé de 5 % en janvier 2020 à 16,3 % en avril 2020, mais il reste largement inférieur à celui de la crise bancaire de 2008-2009, où l’on avait observé un pic de près de 50 %.

Un resserrement des conditions de crédit est perçu au niveau de toutes les catégories de taille d'entreprise, mais c'est dans les très grandes entreprises (occupant plus de 500 salariés) qu'il se fait le plus sentir.

Une baisse dans le graphique ci-dessous traduit l'amélioration systématique de la perception des obstacles au crédit. Plus la courbe est basse, moins les entrepreneurs perçoivent de freins au crédit.

 

Les taux d'intérêt restent favorables pour les entreprises emprunteuses

 

Le taux d'intérêt moyen pondéré sur les nouveaux crédits aux entreprises est resté faible. Selon les données de la BNB, le taux d'intérêt moyen pondéré sur les nouveaux crédits aux entreprises a très légèrement baissé en mars 2020 pour atteindre 1,46% (contre 1,47% en février 2020).