5 juin 2020 - 8 min de lecture
L'encours total des crédits aux entreprise utilisés n'a jamais été aussi élevé que ces derniers mois. En mars 2020, il a augmenté pour atteindre 167,6 milliards d'euros. Les entreprises utilisent donc plus que jamais leurs lignes de crédit existantes.
En mars 2020, l'encours des crédits aux entreprises utilisés (y compris les crédits d'engagement, par exemple les crédits de garantie et les crédits documentaires) a atteint un niveau record de 167,6 milliards d'euros.
Sur une base annuelle (comparaison mars 2019 et mars 2020), l’encours a augmenté de 5,1%. En décembre 2019, la croissance annuelle était de 3,9%
Au premier trimestre de 2020, la demande de crédits par les entrepreneurs s’est contractée de 10,5 % par rapport à la même période de l'année précédente. En termes de montant, le repli a été plus important encore, avec 15,4%.
La baisse de la demande de crédit est liée à la confiance des entreprises. Le baromètre de conjoncture de la Banque nationale de Belgique (BNB) montre ainsi que la crise aiguë liée au coronavirus a considérablement ébranlé la confiance des entreprises en mars et en avril 2020. Compte tenu de la période d'incertitude économique, les entreprises investissent moins et demandent donc moins de crédits.
La courbe désaisonnalisée et lissée ci-dessous reflète la tendance conjoncturelle sous-jacente. Une baisse de la courbe témoigne d’un tassement de la confiance des entreprises.
Le nombre de crédits accordés a diminué au premier trimestre 2020 de 10,1 % par rapport au même trimestre de l'année précédente. Les montants octroyés ont chuté de 14,6 %.
Plusieurs éléments peuvent expliquer pourquoi la diminution de la production de crédit au premier trimestre de 2020 va de pair avec une augmentation de l'encours des crédits :
L'augmentation du taux d'utilisation a été observée principalement au niveau des grandes entreprises.
Le degré de refus pour le premier trimestre de 2020 se situe, par comparaison avec tous les premiers trimestres, au deuxième niveau le plus bas depuis le début des mesures en 2009.
L'enquête trimestrielle menée par la BNB montre que la perception des freins au crédit par les entreprises (c’est-à-dire la manière dont les entreprises perçoivent les conditions de crédit, soit les taux d’intérêt, les autres coûts bancaires, le volume de crédit et les garanties demandées) a augmenté. Ce pourcentage est passé de 5 % en janvier 2020 à 16,3 % en avril 2020, mais il reste largement inférieur à celui de la crise bancaire de 2008-2009, où l’on avait observé un pic de près de 50 %.
Un resserrement des conditions de crédit est perçu au niveau de toutes les catégories de taille d'entreprise, mais c'est dans les très grandes entreprises (occupant plus de 500 salariés) qu'il se fait le plus sentir.
Une baisse dans le graphique ci-dessous traduit l'amélioration systématique de la perception des obstacles au crédit. Plus la courbe est basse, moins les entrepreneurs perçoivent de freins au crédit.
Le taux d'intérêt moyen pondéré sur les nouveaux crédits aux entreprises est resté faible. Selon les données de la BNB, le taux d'intérêt moyen pondéré sur les nouveaux crédits aux entreprises a très légèrement baissé en mars 2020 pour atteindre 1,46% (contre 1,47% en février 2020).