Febelfin a lancé une nouvelle campagne le 29 novembre pour sensibiliser les jeunes, mais aussi leurs parents, aux dangers de de la fraude en ligne et des annonces en lignes qui promettent de gagner rapidement d'importantes sommes d'argent. Ces messages sont souvent trop beaux pour être vrais, mais cela n’empêche pas de nombreux jeunes de continuer à tomber dans le piège.
Car derrière ces annonces en ligne se cachent des cybercriminels qui tentent d’obtenir des données personnelles et de persuader leurs victimes de transférer de l’argent, ou ils essaient de recruter des personnes et de les impliquer (qu’elles en soient conscientes ou non) dans un réseau criminel. Un seul clic peut bouleverser toute une vie. Et les parents ne sont pas toujours conscients du fait que leurs enfants peuvent être des victimes faciles de la fraude en ligne.
Nous avons demandé à Anne Cornut, maman de 5 enfants et fondatrice de Maison Slash, mais aussi à Hannes Coudenys, influenceur et expert en médias sociaux, ainsi qu’à Stijn De Ridder, chef de la zone de police d’Anvers, comment ils gèrent la façon dont leurs enfants utilisent les médias sociaux et quels conseils ils aimeraient partager avec d’autres parents.
ANNE CORNUT
Influenceuse, fondatrice de Maison Slash (le magazine pour parents et enfants) et maman de 5 enfants + 2 beaux-enfants
Chez nous, tout repose sur la confiance et la communication. En tant que maman de 5 enfants et 2 beaux-enfants, il est impossible de contrôler tous les canaux sur lesquels nos enfants sont actifs et quel contenu ils regardent. Il est tout aussi compliqué de mettre en place un contrôle parental sur l'ensemble des appareils qu'ils utilisent. Heureusement, il y a chez nos enfants un « contrôle social » Ils savent généralement entre eux qui regarde quoi et ils partagent beaucoup d'informations. Je finis donc toujours par savoir ce qu’ils regardent et font en ligne, etc. De plus, de par mon métier, je sais ce qui se passe sur les médias sociaux et j’essaie aussi d’en parler à la maison. Par exemple, si j’entends parler dans les médias de cas de fraude en ligne ou si je reçois des messages de phishing, je n’hésite pas à les envoyer dans notre groupe Whatsapp. On souhaite ainsi leur apprendre à rester vigilants.
À la maison, nous essayons toujours de parler très ouvertement de l’argent et de la gestion de l’argent. Sans tabou. Nos enfants ont une carte bancaire avec laquelle ils gèrent leur argent. Évidemment, on discute souvent des dépenses qu’ils ont réalisés et nous n'hésitons jamais à prodiguer des conseils à cet égard. Tout a un prix et pour gagner de l’argent, il faut travailler. C’est aussi simple que cela. L’argent facile n’existe sûrement pas. J’essaie aussi de leur expliquer que chez les influenceurs, il y a plus qu’un simple clic derrière. Il y a souvent une stratégie, un planning et la négociation d’un contrat. Mais nous apprenons évidemment aussi à nos enfants à gagner l’argent de manière ‘saine’ : on leur donne l’idée d’organiser une brocante, de faire des baby-sittings, etc.
HANNES COUDENYS
Influenceur, expert en médias sociaux et papa de 2 enfants (8 ans et 1 an)
Via les médias sociaux, les adultes mais aussi les jeunes sont confrontés au quotidien à des publicités en ligne "louches". Celles-ci prennent différentes formes : il peut s’agir de courts messages (prerolls) qui s’affichent brièvement sur Youtube avant le lancement d’une vidéo, dans lesquels des « gourous » encouragent les jeunes à essayer de gagner de l'argent rapidement en leur affirmant que c'est sans risque. Mais la fraude peut aussi passer par des influenceurs qui racontent aux abonnés sur des groupes Telegram comment ils se font de l'argent rapidement et facilement. Ces propositions illégales peuvent aussi être véhiculées par divers comptes Instagram spécialement créés à cet effet, qui publient des posts sur la façon de devenir riche rapidement. On m’avait demandé de donner une conférence sur les médias sociaux dans une haute école la semaine dernière; et lorsque j'ai demandé qui, parmi les jeunes, avait déjà été confronté à de tels messages, presque tout le monde dans la salle a répondu sans hésiter « moi ». Nous supposons que la plupart des gens sont capables de juger que ces messages ont des visées frauduleuses, mais la vérité est tout autre. Trop de gens se laissent encore prendre à de telles arnaques.
Le rôle des parents ne doit pas être sous-estimé. En tant que parent, il est important de guider votre enfant dans cette démarche, de voir quelles applications il télécharge, de parler des dangers des médias sociaux et de se mettre d’accord sur l’utilisation de ceux-ci. Malheureusement, les parents en savent encore trop peu sur ce qui circule sur les médias sociaux et n'ont souvent aucune idée de ce que font leurs enfants sur ces médias sociaux. C’est parfois « Rendez-vous en terre inconnue » pour eux. Pourtant, Tiktok, c'est plus que des danses amusantes. Mon fils Ray n'est pas encore autorisé à aller sur TikTok lui-même. Nous faisons souvent des vidéos amusantes ensemble, mais pour autant, il n’a pas le droit d’aller sur les médias sociaux. Trop de mauvais contenus y circulent sur les drogues, le sexe, les challenges bizarres, etc. Bref, toutes sortes de choses auxquelles un enfant de son âge ne devrait pas être confronté. Mais dès que la demande arrivera, nous essaierons d’y répondre de manière responsable. Saint-Nicolas n'apportera hélas pas de nouveau smartphone cette année (même si celui-ci figurait sur sa liste).
Il existe un système de « temps d'écran », qui permet aux parents de déterminer le temps que leurs enfants sont autorisés à passer sur la tablette et de bloquer l'accès à certains contenus par le biais de paramètres. Vous pouvez également vous servir des paramètres de certains comptes de médias sociaux pour bloquer des contenus ou vérifier ce que vos enfants ont regardé. Faites donc en sorte d’utiliser les outils des réseaux sociaux eux-mêmes. Mais au-delà de tout cela, il est important de parler à vos enfants des dangers des médias sociaux et de leur enseigner une bonne cyberhygiène.
STIJN DE RIDDER
Chef de la zone de police d'Anvers et père de deux garçons (10 et 14 ans)
À la maison, nous avons convenu que nos enfants n’auraient pas de compte sur les médias sociaux avant le secondaire. Notre plus jeune fils a un GSM très basique qui sert juste à envoyer des messages. Il est autorisé à utiliser la tablette et l'ordinateur à la maison, mais sous contrôle. Il y joue principalement à des jeux ou regarde des vidéos sur YouTube. Son utilisation est donc encore très limitée. Heureusement, les garçons utilisent les appareils de manière saine et ils aiment toujours les activités hors ligne : jouer dehors, rencontrer des amis, faire du foot...
Nous avons fixé un temps d'écran limité à la maison : les enfants ne peuvent consacrer que quelques heures par semaine aux appareils. Autre marché que nous avons passé avec eux : ils doivent toujours montrer ce qu'ils font sur les médias sociaux et ce qu'ils regardent. Et la nuit, bien sûr, ils ne sont pas autorisés à emporter leur téléphone ou leur ordinateur portable dans leur lit. Les parents ne sont pas encore suffisamment informés sur ce qui circule en ligne. Il est important d'en parler suffisamment à la maison et de leur faire prendre conscience des dangers. En tant que parent, vous devez faire passer l’information : les messages en ligne qui parlent de gagner de l'argent rapidement sont faux. Dans le cadre de mon travail, je donne régulièrement des présentations sur les formes de fraude et je m’entraîne à la maison avec mes enfants pour public. Ma femme travaille dans l’enseignement. Nous ne manquons clairement pas d'informations à la maison et nous veillons à ce que le message sur la nécessité de demeurer vigilant passe bien. Mon fils aîné reçoit fréquemment des messages de phishing mais heureusement, il sait comment prendre des captures d'écran de ces messages et les transmettre à Safeonweb.
Dans une optique tant privée que professionnelle, je me suis récemment intéressé à "HackShield", un jeu super cool, sans publicité, spécialement conçu pour un groupe cible d'enfants âgés de 8 à 12 ans. Ce jeu fournit, sous un angle éducatif, des informations sur les dangers d'internet. Il s’agit d’un outil gratuit qui peut être téléchargé via l’App Store ou le Play Store. En outre, il motive les enfants à transmettre leur savoir fraîchement acquis par le biais du jeu. Un outil qui s'intègre parfaitement dans leur environnement et qui est taillé sur mesure pour les jeunes.
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